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Le 18/02/2011 à 07:29:14Il était une fois @ par redac |
Les aventures extraordinaires de Nounouille |
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SEPTIEME VOYAGE
Bonjour tout le monde ! Voilà un petit moment que notre Brinouillemobil n’a pas bougé du hangar. Il faut dire que le grand froid rencontré lors de notre dernier voyage en Laponie pour Noël a fragilisé ses rouages et sa mécanique. Une bonne révision s’imposait donc. Et puis bon, hein, ce n’est pas désagréable de rester au coin du feu avec un bon bouquin entre les mains. Ma pile de livres en attente tanguait dangereusement. Il me fallait donc remédier sur le champ à cet équilibre plus que précaire. C’est une autre façon de voyager mais je ne peux m’en passer… Cependant, depuis quelques jours, j’entends Nounouille pousser de gros soupirs, taper impatiemment des sabots, donner des petits coups de cornes dans sa mangeoire et je sens son regard lourd de sens peser dans mon dos… Arrivée au mot « FIN » de mon roman en cours, (moment d’ailleurs toujours un peu délicat car je me retrouve partagée entre la joie d’avoir fini et la vague sensation de regret qui voudrait que l’histoire ne s’arrête jamais), je claque très fort mon livre, m’étire, me lève, me plante devant Nounouille et lui demande : tu es prête ? Nous partons dans 10 minutes… Elle sursaute, les yeux écarquillés comme des soucoupes et bafouille : c’est déjà l’heure de la traite ? Sans mot dire, je me dirige vers notre engin, retire la bâche protectrice et en riant, je lui réponds : désolée mais la Brinouillemobil n’a pas la fonction trayeuse !
Je la vois, fébrile, ramasser ses affaires à toute vitesse (un savon car Madame est très pointilleuse sur l’hygiène, une vitamine en cas de petite faiblesse, une botte d’herbe à mâchouiller pour lutter contre le mal des transports et un sac de tournesol pour grignoter me dit-elle) Puis elle me regarde et me dit en s’installant dans son siège : il était temps ! J’ai bien cru que tu ne quitterais jamais tes bouquins !! Sentant comme une pointe de reproche, je lui rétorque que si les livres existent, c’est pour être lus avant tout et que l’imprimerie (merci Monsieur Gutenberg) est la plus belle invention de l’homme (enfin à mes yeux !) Tout en manipulant les manettes, les compteurs et autres instruments de navigation, je lui apprends que le premier ouvrage à avoir été imprimé se trouve être la Bible et que même dans ces textes religieux, on parle de ses ancêtres. Oh Brijou, raconte-moi s’il te plaît !
Après notre rituel Fouiiiiit et en attendant d’arriver je ne sais où et je ne sais quand, je lui raconte quelques épisodes bien connus tirés de la Bible. Après sa fuite de l’Egypte, Moïse a du grimper seul sur le Mont Sinaï pour récupérer les Tables de la Loi. Trouvant le temps un peu trop long (comme toi ma Nounouille), son peuple décida de fondre tous leurs objets et bijoux en or pour fabriquer une idole à adorer et ils créèrent le Veau d’Or. Waouh, m’interrompt ma vache, c’est trop la classe ! Il a du être super content le Moïse en revenant. Euh, pas tout à fait non, il a piqué une colère noire, a fracassé ses fameuses tables et massacré une partie du peuple. Houla, c’était pas un rigolo. Heureusement que les modos de VL sont moins irascibles ! Hihi Sacrée Nounouille, elle me fera toujours mourir de rire !! Et dans le livre d’Esaïe, on peut lire ces lignes : La vache et l'ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte ; Et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. Mouais, suis pas trop convaincue commente ma vache… j’imagine plutôt le bœuf finir en casse-croûte !! Bon l’autre histoire est bien plus paisible. Elle raconte l’histoire de la naissance d’un enfant dans une étable avec pour témoin, un âne, un bœuf, des moutons et des bergers. Oui, je la connais, dit Nounouille. Ce bœuf est une grande fierté pour notre famille.
En fin de compte me dit mon amie après un temps de réflexion, mes ancêtres ont eu beaucoup d’importance dans les religions du monde antique. Tu as raison mais cela est vrai encore aujourd’hui dans certains pays de notre planète.
Broum Broum Broum, wizzz, wizzz, wizzz, sboing sboing sboing ! Ah nous voici arrivées à destination ! Je stoppe le moteur, détache ma ceinture, déclenche le déverrouillage et sort la première. Et lorsque Nounouille passe le seuil, je lui fais une belle courbette et lui déclare solennellement : Bienvenue au pays des vaches sacrées, bienvenue en Inde ! Incrédule, elle me demande à quelle époque nous sommes. Nous sommes à Calcutta, en 2010 !
Je lui explique alors que la vache est ici sacrée et sacralisée. Dans les campagnes, elle est considérée comme un membre de la famille et la naissance d'un veau est fêtée comme celle d'un enfant. Elle est celle que Krishna (une des divinités les plus importantes de la religion hindouiste) protège. Elle est souvent représentée portant Krishna sur son dos. De plus, dans ce pays immense et très peuplé, la vache est une manne providentielle pour les paysans. Ces derniers utilisent des engrais naturels dont la bouse de vache fournie gratuitement et facilement utilisable. En outre, une fois séchée, la bouse sert de combustible pour le foyer familial. Sur les 700 millions de tonnes de fumier produites annuellement, la moitié est utilisée comme engrais, l'autre moitié comme combustible. Diluée dans une grande quantité d'eau, la bouse est également étalée sur les sols. En séchant, cette pâte forme un revêtement qui protège de la poussière et de la chaleur. Le ramassage de la bouse est confié aux basses castes et fait vivre bon nombre de personnes. Dis donc, me dit Nounouille subitement inspirée, voilà des nouvelles suggestions pour Vacheland !
Mais sans nous en apercevoir, tout en discutant, nous nous sommes arrêtées en plein milieu d’un carrefour et avons provoqué un gigantesque embouteillage. Mais au lieu de nous faire klaxonner et abreuver d’insultes, les gens nous sourient gentiment tout en saluant Nounouille avec déférence et en la touchant du bout des doigts. Namasté, namasté nous disent-ils en portant leurs mains jointes à leur front.
Après ce bain de foule qui ravit Nounouille au plus haut point, nous nous éclipsons. Ma compagne, songeuse, me dit qu’après tout, elle pourrait s’installer ici et qu’elle pourrait enfin recevoir les égards qui lui sont dus.
Devant ma mine atterrée, elle s’esclaffe et me pousse gentiment de son gros naseau en me soufflant à l’oreille : meuh non ma Brijou, je ne veux pas t’abandonner. Ma belle herbe tendre et mes copines de VL me manqueraient trop. Et puis, pour être franche, je respire mal dans cette mégapole polluée et je me suis laissée dire qu’à la campagne, il y avait encore quelques tigres qui rôdent et qui s’approchent de plus en plus des villages pour chercher à manger car leur territoire a hélas diminué comme une peau de chagrin.
Je sais, ma Nounouille, ce pays de prime abord à l’aspect idyllique a malheureusement quelques points noirs : grande misère, surpopulation, pollution, vieilles traditions parfois très cruelles envers les femmes mais cela n’ôte rien à sa beauté et sa fascinante culture.
De retour à la ferme, nous exposons nos souvenirs. J’ai ramené un panier d’épices pour la cuisine (hummm), une miniature du palais de Taj Mahal et un splendide sari en soie jaune safran (car je n’en possède pas dans ma garde-robe d’avatar) Et toi ma Nounouille, que rapportes-tu ? Moi ? Une carte de visite…mais pas n’importe quelle carte, celle d’un producteur de Bollywood qui m’a proposé le rôle principal dans son prochain film. Une comédie musicale qui se passerait sur les bords du Gange… Enfin, pour le moment, je réfléchis…
Non, mais quelle cabotine, cette vache-là !! Ma Nounouille, tu veux que je te dise ? Je ne sais pas si tu es une vache sacrée mais tu es une sacrée vache ! Hihi…
A bientôt pour de nouvelles aventures, gros bisous et gros câlins.
Brijounette
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Le 24/12/2010 à 07:28:02Il était une fois @ par redac |
Les aventures extraordinaires de Nounouille |
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SIXIEME VOYAGE
Dimanche après-midi… Tout le travail de la ferme est fait. Personne au forum et encore moins au troquet ! Je suis dans l’étable, pelotonnée contre Nounouille qui diffuse une douce chaleur. Nounouille, ma bouillotte préférée ! Nous papotons un peu mais très vite, la torpeur nous gagne. Que ça fait du bien de ne rien faire ! Notre petite sieste finie, je m’étire et m’apprête à proposer à Nounouille de jouer aux dames tout en prenant un bon goûter. D’un air malicieux, elle m’annonce qu’elle a une idée sympa pour finir la journée en beauté. A quoi penses-tu ma Nouille ? Surtout, me dit-elle, ne te fâche pas. J’aimerai bien repartir avec la machine. Repartir ? Ben si tu veux ma jolie mais pourquoi me demandes-tu de ne pas me fâcher ? A vrai dire, m’explique-t-elle, c’est moi qui vais choisir la destination cette fois-ci. Fais-moi confiance s’il te plaît… Prise de court, je ne sais que répondre. Je sens bien qu’elle en meurt d’envie et puis je l’aime tant que je veux lui faire plaisir. Les risques ? Bah, on improvisera… comme d’habitude ! Permission accordée ma p’tite chérie ! Elle devait sans doute s’attendre à plus d’opposition de ma part car elle reste bouche bée !! Je la taquine gentiment en lui demandant de se dépêcher un peu. Oh, ma Brijou, tu ne le regretteras pas me dit-elle avec des étoiles dans les yeux.
Nounouille prend place aux commandes et je m’installe derrière elle. Je l’entends régler le cadran géographique ainsi que celui des dates. Je ferme les yeux un tantinet inquiète cependant… Après notre inévitable Broum Broum Broum, wizzz, wizzz, wizzz, sboing sboing sboing, la machine s’immobilise. Ouf, atterrissage parfait et sans aucune casse ! Bravo ma belle ! Tu viens de réussir ton brevet de pilote avec brio ! Hihi, le compliment lui rosit délicatement son joli mufle…
Bon je jette un coup d’œil par le hublot. Il fait nuit noire ! Je suis un peu déçue et le dit à ma copine. Au moins, me rétorque-t-elle, la surprise sera complète ! Ah bon ? Tu veux me faire marcher dans la nuit ? Et aussi dans la neige ? En effet, à peine le pied posé à terre, je m’enfonce dans cinquante centimètres de neige !! Je me mets à gémir… Oh non pas la neige ! J’ai horreur de patauger là-dedans ! Ca mouille et c’est froid… Euh, si on revenait au printemps dans ton petit coin ? Tsst, ne joue pas à Brijou la frileuse ! Prends cette couverture et grimpe sur mon dos ! Et surtout profite du paysage et lève un peu les yeux au ciel ! Je m’installe bien confortablement à califourchon sur son dos tout chaud et la voici qui démarre. Tu sais où tu vas ma belle ? Oui, je peux même y aller les yeux fermés, me confie-t-elle.
Chemin faisant, je suis son conseil et observe les alentours. Nous sommes en pleine forêt ! Une forêt de sapins immenses et tous recouverts d’un blanc manteau. Le ciel est magnifique, constellé d’étoiles toutes plus brillantes les unes que les autres. La pleine lune éclaire nettement le chemin forestier dans lequel nous progressons. Enfin, nous débouchons dans une vaste clairière. Je distingue une très jolie maison toute illuminée et un immense hangar d’où fusent des chants, de la musique, des rires et des lueurs multicolores. Euh, Nounouille, c’est quoi ça ? Une rêve party ?
Brijou, ne cherche surtout pas d’explication plausible et pas la peine de feuilleter ton bouquin d’histoire… Cet endroit, tout le monde en parle mais personne ne le connaît. Un petit conseil : laisse parler l’enfant qui est encore en toi…
De plus en plus intriguée et le cœur battant, je glisse doucement et pose les pieds à terre. Nous sommes devant la grande porte du hangar. Nounouille me pousse gentiment tout en me chuchotant à l’oreille : Ne sois pas timide…Avance ma Brijou ! Je pose la main sur la poignée et fait coulisser sans bruit la lourde porte dans des rails parfaitement huilés. Et là… oh mon Dieu, l’enfant cachée au fond de mon cœur se réveille et me voici en train de battre frénétiquement des mains et sauter en l’air, excitée comme une puce. Et je saute au cou de ma Nounouille en la serrant très fort avec des larmes dans les yeux : Oh merci ma chérie, tu m’as amenée dans l’atelier du Père Noël ! Quel cadeau magnifique ! Merci, mille fois merci ! Mais dis-moi, comment connais-tu l’adresse toi ?
L’an dernier, quand il est passé chez nous avec son traîneau, j’ai sympathisé avec les rennes. Je leur avais offert du maïs pour reprendre des forces. Après tout, ils ont beau être des cousins très éloignés, ils n’en restent pas moins de la famille. Avant de repartir, ils m’avaient donné leur adresse tout en m’assurant que je serai toujours la bienvenue chez eux, là-haut, quelque part en Laponie. Je ne pensais vraiment pas pouvoir y aller, vu l’éloignement ! Mais grâce à notre machine, c’est chose faite.
Tout en l’écoutant, je ne quittais pas des yeux la scène qui se déroulait devant moi. Des centaines de petits lutins emballaient des paquets-cadeaux, cochaient les objets sélectionnés sur les listes des enfants et préparaient les commandes avec le prénom et l’adresse afin que tout soit prêt pour la grande nuit du 25 décembre. Il régnait une intense ambiance de travail mais aussi de joie.
Soudain, une grosse voix un peu bourrue nous fit sursauter Nounouille et moi. Vous n’avez pas le droit d’être ici et puis fermez la porte, mes lutins vont prendre froid dans les courants d’air !
Nous nous retournons pour nous retrouver face à face avec le Père Noël, (le vrai hein, pas celui des supermarchés !!) Heureusement, l’un des rennes passait à ce moment-là et salua Nounouille avec empressement. Waouh, ma belle Nounouille, c’est super sympa de nous rendre visite ! Suis-moi, je vais te faire visiter le coin. Et les voilà partis tous deux, me laissant seule avec l’imposant personnage. Celui-ci, apprenant que nous étions des invitées, s’était radouci. Il m’invita alors chez lui pour boire un bon chocolat chaud et crémeux et grignoter quelques biscuits à la cannelle. Dans la maison, un agréable feu de cheminée flambait joyeusement. Nous primes notre petite collation auprès de l’âtre, installés douillettement chacun dans un moelleux fauteuil. Le vieux Monsieur me regarda longuement et me demanda : je suis sûr de te connaître. D’où viens-tu ? Et comment te prénommes-tu ? Un peu intimidée, je lui réponds que je viens de la Drôme et que ma sœur et mes amis me surnomment Brijou. Oui, oui s’exclame-t-il, je me souviens maintenant. Quand tu m’écrivais, tu me demandais toujours des livres ! Je souris et lui dis que je n’ai guère changé depuis et que j’ai gardé certains de ses livres car ils étaient magnifiques. J’aimais bien passer chez toi me confie-t-il car dans ta chaussure, je trouvais toujours une mandarine, une papillote et un dessin. D’ailleurs, je les ai tous conservés dans ces grands classeurs avec ceux de milliers autres enfants. Et nous voici en train de feuilleter ses cahiers. Quelle émotion quand j’ai retrouvé un de mes dessins ! Que de souvenirs merveilleux me sont revenus ! Nous avons encore papoté un bon moment puis avec un soupir, il me dit : je ne veux pas être impoli mais je dois retourner à l’atelier. Le jour J est proche et j’ai tant à faire encore. Et je sais que cette année, j’ai beaucoup de petits cadeaux à livrer à Vacheland car les naissances ont été nombreuses ! Rentre bien Brijou, joyeux Noël et n’oublie jamais la petite fille que tu as été…
Je ne sais si c’est à cause du froid, mais j’avais les yeux mouillés quand nous nous sommes quittés.
J’ai retrouvé ma Nounouille enchantée de sa visite chez ses cousins. J’ai même tiré le traîneau du père Noël m’apprend-elle avec enthousiasme. Mais pas moyen de le faire décoller ! Je ne suis pas un renne mais seulement une petite vache de rien du tout… Devant son petit air chagrin, je lui rétorque : en effet, tu n’es pas un renne mais tu es la Reine de VL et du Mag !
Et nous voilà reparties dans le chemin forestier enneigé. Nous suivons nos traces et retrouvons notre petite machine. De nouveau, Nounouille prend les commandes et nous ramène au bercail sans encombre. Encore un peu étourdie par cette extraordinaire aventure, je m’aperçois que j’ai encore à la main la tasse dans laquelle j’ai bu un chocolat. Voilà un souvenir que je vais garder précieusement…
J’ai questionné Nounouille pour connaître exactement l’endroit où nous avions atterri mais elle est restée muette (oui, cela lui arrive aussi !) Un secret reste un secret ma Brijou… mais dis-toi bien que tu es une privilégiée.
En tout cas, ce soir, je remettrai une mandarine, une papillote et un petit dessin dans ma chaussure sous le sapin.
J’espère que je vous ai fait rêver un peu… JOYEUX NOËL à vous tous, amis Vachelandais !
A bientôt pour une prochaine aventure.
Brijounette
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Le 10/12/2010 à 08:00:53Il était une fois @ par redac |
Les aventures extraordinaires de Nounouille |
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CINQUIEME VOYAGE
A peine arrivée dans l’étable et encore toute ensommeillée, voilà Nounouille toute guillerette qui me saute dessus et me tourne autour impatiemment tout en me harcelant de questions du style : dis dis on repart quand ? Dis dis on va où cette fois-ci ? Dis on peut y aller tout de suite ? Mais, lui dis-je, en baillant à m’en décrocher la mâchoire, c’est un peu tôt et puis je n’ai pas encore pris mon petit déj chez Didi et je dois aussi te traire sinon tu vas avoir une mammite. Oh, me rétorque-t-elle en prenant un air légèrement exaspéré, tu es en train de chercher des excuses pour retourner te coucher ! Tu peux bien te passer pour une fois d’aller te goinfrer chez tes copines. Allez, on y va, j’adore ça, moi, voyager dans le temps et aller à la rencontre de mes ancêtres. Et me voici embarquée de force dans la Brinouillemobil ! Avant que je puisse réagir, Nounouille verrouille la porte, actionne la manette des gaz, tripatouille le compteur et… Fouiiiiit…Broum Broum Broum, wizzz, wizzz, wizzz, sboing sboing sboing !
Alors là, tu as gagné ! Je suis de très méchante humeur moi quand j’ai le ventre vide. Ne compte donc pas sur moi pour jouer les guides touristiques ! Puisque tu as su nous amener ici sans me demander mon avis, tu vas bien réussir à te débrouiller toute seule, pas vrai ? Devant mon air narquois, Nounouille tourne les sabots et sans un regard, s’éloigne gaiement en trottinant. La campagne environnante est paisible, l’air est doux et le soleil généreux. Je m’allonge dans l’herbe et repars aussitôt dans les bras de Morphée, quitté bien trop tôt à mon goût ce matin. Mais il est dit que je ne pourrai pas être tranquille aujourd’hui !! En effet, je suis réveillée brusquement par des voix d’hommes et un bruit de pas cadencés qui martèlent le sol avec vigueur. Je me relève tout doucement et écarte légèrement une grosse touffe d’herbe pour glisser un œil discret. De nombreux hommes avancent sur le chemin. Ils sont tous casqués, vêtus d’une tunique courte, le torse protégé par une cuirasse, les pieds chaussés de sandales à lanières en cuir. Ils sont armés soit d’un glaive, soit d’un pilum et possèdent tous un grand bouclier. A leur tête, monté sur un superbe cheval et portant une cape rouge, caracole leur chef. Des légionnaires romains ! Pas du genre rigolo, ces gars-là ! Mais où suis-je ? J’observe les alentours et aperçois une colline, non pas une, mais deux, trois, quatre, cinq, six, sept ! La ville aux sept collines : ROME !!! Je retourne en rampant vers la machine et vérifie le compteur : nous sommes en l’an 70 ! Non, ce n’est pas encore les années disco voyons !! Vite mon bouquin… C’est le règne de l’empereur Vespasien. Il a fait construire le Colisée, un amphithéâtre pouvant accueillir entre 50 000 et 75 000 spectateurs. Un peu comme le stade de France ! Très forts ces Romains en ce qui concerne l’architecture…
Bon, ce n’est plus le moment de dormir. Il faut que j’aille visiter Rome, cette merveille du monde antique. Et puis, je dois bien l’avouer, je m’inquiète un peu pour ma Nounouille. Elle a toujours le chic de se mettre dans un sale pétrin ! Avec un grand drap blanc, j’improvise une toge et je suis à distance respectueuse l’armée qui se dirige vers la ville. J’ai souvent visité des ruines gallo-romaines dans le sud de la France mais ce n’est en rien comparable. Quelle modernité dans ces constructions ! En admirant les égouts, les trottoirs, les fontaines, les thermes, les rues dallées et bien propres, je comprends mieux la suprématie de l’empire romain sur les autres pays d’Europe ! Et quelle foule dense et active ! Comment vais-je pouvoir retrouver ma vache ??
Emportée par le flot de la foule, je finis par me retrouver au pied du Colisée à faire la queue pour entrer dans cet illustre bâtiment. Me voilà bientôt assise. Tous les gradins sont pleins à craquer. Soudain les trompettes résonnent, les spectateurs en délire acclament le personnage qui vient de s’installer à la tribune principale. L’empereur en personne ! Ce doit être un jour de fête important, sûrement la fête d’un dieu de l’Olympe. Le spectacle commence par des combats de gladiateurs puis des courses de chars. Beaucoup trop de violence à mon goût ! Lassée, je m’apprête à quitter ma place quand j’entends un meuglement familier ! Nounouille ? Ma Nounouille ? Oh non… mais que fait-elle au milieu de l’arène ? Mes mouvements de bras et mes sifflements finissent par attirer son attention. Elle se dirige vers moi. Ah tu es enfin réveillée ? Tu arrives à temps pour assister à mon triomphe. Tu as vu ce beau collier de fleurs autour de mes cornes ? Et cette foule venue pour m’applaudir ? J’ai un peu le trac… Je comprends mieux ce que doivent ressentir les sportifs ou les artistes devant un tel rassemblement. Bon je te laisse, je dois aller saluer mon public.
Oh ma pauvre Nounouille !! Tu ne sais donc pas ce qui t’attend ici ? Un vrai cauchemar !
Ecoute Brijou, je sais que tu es de mauvais poil ce matin mais ne viens pas gâcher mon bonheur s’il te plaît !
Mais tu ne comprends pas ma fille ! Tu cours un danger mortel ici ! Ecoute un peu ce que je sais des traditions romaines : Ils ont pu t’amener ici pour t’offrir en sacrifice à leurs dieux. Ils vont t’attacher les cornes de manière à ce que tu inclines la tête pour ensuite t’assommer avec un maillet. Ensuite, ils t’éventreront pour procéder à la lecture de tes entrailles, le foie en général, et voir si les auspices sont favorables pour une prochaine campagne militaire.
Mais, gémit Nounouille en se tenant le ventre, je ne suis pas un livre ! Inquiète, je la vois qui lance des regards angoissés à gauche et droite.
Et ce n’est pas tout ! Tu peux aussi être ici pour participer à des combats de fauves. Tu risques de te retrouver face à des ours ou des lions ou des gladiateurs qui te traqueront pour te transpercer de leur glaive. Ou alors, tu vas être obligée de massacrer de pauvres martyrs chrétiens. C’est ce qui est arrivé à Lugdunum, euh Lyon, à cette pauvre Blandine.
Non Brijou, je ne veux rien de tout ça moi ! Je veux retourner dans mon étable à mâchouiller tranquillement mon foin. Aide-moi !
Alors, je ne vois qu’une solution…Prends un air féroce, force-moi à monter sur ton dos et charge les soldats qui gardent les grilles d’entrée. Meugle le plus fort possible et laisse-moi faire. Je t’expliquerai ensuite. C’est notre unique chance !
Et me voilà en train de faire du rodéo sur le dos de ma vache ! Cramponnée de toutes mes forces à ses cornes, je crie bien fort : Au secours ! Le dieu Jupiter m’enlève ! Venez m’aider ! Parvenues à la grille de sortie, je hurle de plus belle et Nounouille roule des yeux furibonds. Les gardes, affolés, ne savent que faire. Mais l’empereur ordonne : ouvrez les grilles, laissez passer le dieu Jupiter !
Et nous voilà sorties de l’arène. Nous poursuivons notre course folle jusqu’au pied de notre véhicule spatio-temporel. Sans prendre le temps de souffler, une fois de plus, ma vache me pousse à l’intérieur et claque violemment la porte ! Paniquée, elle me supplie de démarrer. Et wouf, nous revoici à Vacheland. Je la laisse boire longuement. Encore haletante, elle s’allonge sur sa litière et me demande : Alors, c’est quoi, cette histoire de Jupiter ?
Jupiter est le chef des dieux. Chez les Grecs, il se nomme Zeus. Il a épousé la déesse Junon. Mais il est un incorrigible coureur de jupons et multiplie ses infidélités. Sa femme est donc d’une jalousie impitoyable et le surveille de très près. Pour échapper à sa vigilance, il se transforme souvent en animal tel que le cygne ou le taureau. C’est sous l’apparence de ce dernier qu’il a enlevé Europe, la fille du roi de Tyr. Les Romains connaissent bien cette histoire et ont donc facilement cru notre petite mise en scène. Je me doutais bien qu’ils n’essaieraient pas de s’interposer, ne voulant pas courroucer leur dieu ! Bien joué ma Brijou ! applaudit Nounouille. Merci ! Jupiter a également transformé une de ses conquêtes, une certaine Io, en vache, pour la soustraire à la vengeance de sa femme. On a retrouvé de nombreuses mosaïques représentant ces histoires. Ah tiens, regarde ce que j’ai ramené : un casque et un glaive de légionnaire.
Brijou, ôte cet attirail de ma vue !
Houlà, je te sens stressée toi… Tiens, je vais te frotter avec de la paille. Et après j’irai dormir !
Moi aussi ma Brijou, je vais faire pareil mais tu veux que je te dise ? Ils sont fous ces Romains !!
Tsst, tsst, cette réplique n’est pas de toi ma fille !!
A bientôt pour une prochaine aventure.
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Le 26/11/2010 à 08:14:14Il était une fois @ par redac |
Les aventures extraordinaires de Nounouille |
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QUATRIEME VOYAGE
Brrrr !! Glagla ce matin !! Il fait trop froid par ici déclarai-je en guise de bonjour à ma Nounouille. Celle-ci, sentant poindre ma mauvaise humeur, me susurre alors du bout des lèvres : pourquoi ne pas partir avec notre machine dans un endroit plus chaud ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Je cours retourner mes fromages, fais le plein du réservoir et ciao la compagnie !
Quelques Fouiiiiit…Broum Broum Broum, wizzz, wizzz, wizzz, sboing sboing sboing plus tard, la navette se pose. Je vérifie le compteur des dates : il oscille entre le 14 et 13ème siècle avant J.C. Bon, c’est rassurant, nous ne risquons pas de nous retrouver nez à nez avec des monstres assoiffés de sang ou des barbares hirsutes. A travers le hublot, j’aperçois le soleil qui brille. Rien de tel pour me mettre de bonne humeur. La porte s’ouvre et ô surprise, j’entends un clapotis fort agréable. Nounouille, nous sommes sur une plage ! Celle-ci me pousse sans ménagement pour sortir la première. Et là, je la vois qui étale sa serviette de bain et s’allonge en souriant béatement ! Tu veux peut-être que je te passe la crème à bronzer ? Allons, allons, sois un peu sérieuse, nous ne sommes pas là pour bronzer bêtement mais pour faire des recherches sur tes ancêtres ! Bribri, me dit-elle d’un ton boudeur, il faut toujours que tu me brimes. Mais son incorrigible curiosité lui fait vite oublier cette légère contrariété.
La mer est bleue intense, le sable est blond, j’aperçois des pins parasols, des oliviers, des chênes verts et des cyprès. Un vrai paysage méditerranéen ! Les possibilités sont nombreuses dans ce coin qui est le berceau de nombreuses civilisations.
Soudain, l’écho de clameurs enthousiastes nous parvient. Nous nous dirigeons donc vers les terres pour en savoir un peu plus. Parvenues au sommet d’une colline, nous contemplons avec ravissement le spectacle qui s’offre à nous. Une foule bigarrée est rassemblée autour d’un vaste enclos. J’aperçois d’énormes taureaux. Soudain, des jeunes gens aux corps athlétiques saisissent les animaux par les cornes. Les bêtes donnent alors un violent coup de tête vers le haut et propulsent ainsi les jeunes hommes qui exécutent avec brio de superbes sauts périlleux. J’en ai le souffle coupé : nous assistons à des voltiges acrobatiques, première version de nos actuelles courses landaises. Nounouille est bien évidemment subjuguée par le charme très viril des taureaux. Quand à moi, je ne reste pas de marbre devant ces athlètes fort téméraires ! Ah ben tiens, nous voilà malignes toutes les deux… Je me reprends et sans hésiter, j’annonce à ma compagne de voyage que nous sommes en Crète, une grande île au cœur de la Méditerranée.
J’entraîne ma vache vers la ville qui se dessine derrière une autre colline. Il s’agit de Cnossos. Il y a là un immense palais. Nous nous faufilons discrètement à l’intérieur et nous constatons que la représentation du taureau est très largement employée dans la décoration : bas-reliefs, fresques colorées, grandes poteries… Cette civilisation a décidément une culture exquise, me fait remarquer Nounouille et sait nous rendre la place qui nous est due…
Après consultation de mon recueil d’histoire, je lui confirme en effet que, dans la Crète Minoenne (du nom du roi Minos), à l’époque de l’âge du Bronze, le taureau occupait une place centrale dans la religion de cette grande île.
Cela a même engendré une très célèbre légende qui fait partie de la mythologie : La légende du Minotaure. Le minotaure ? demande Nounouille c’est quoi ? Un tout petit taureau ?
Tout petit ? Hihi certes non ! Il s’agit d’un monstre ayant un corps d’homme et une tête de taureau, fruit des amours d’un dieu ayant séduit une belle Crétoise. Il semait la terreur sur l’île. Le roi Minos décida alors de l’enfermer et chargea un certain Dédale de construire un immense labyrinthe d’où le monstre ne pourrait jamais s’enfuir. De nombreux jeunes hommes furent offerts en sacrifice et se firent tous massacrer par cette créature infernale. C’est alors que le beau Thésée, fils du roi Egée, parvient à tuer le monstre !
Mais, dit Nounouille, comment a-t-il pu ressortir du labyrinthe ? Grâce à l’amour ! En effet, Ariane, la fille du roi Minos, est tombée amoureuse du beau Thésée et lui a donné une grande bobine de fil juste avant qu’il ne pénètre dans le dédale. Une fois le minotaure exécuté, le héros n’eût plus qu’à suivre le fil en sens inverse et regagna la sortie sans se perdre. Quelle belle histoire !! clame Nounouille très enthousiaste. Tu me la raconteras à nouveau le soir dans mon étable pour m’endormir ? Bien sûr et tes petits veaux vont adorer cette histoire de monstre je parie !
En parlant de veaux, ma Nounouille, il serait peut-être temps de rentrer chez nous pour voir s’ils n’ont pas fait trop de bêtises en notre absence !! Oui ma Bribri, mais on peut quand même faire un détour pour revoir les acrobates ?? J’allais justement te le proposer ma belle !!
Nous revoilà à la maison. J’ai ramené de belles olives pour l’apéro, une amphore d’huile d’olive pour assaisonner mes salades et préparer ma ratatouille. J’ai également glissé dans mes bagages un costume féminin crétois : une superbe jupe à volants (cette tenue vestimentaire passe pour la plus originale de l’Antiquité) Je suis sûre qu’elle habillerait à merveille les avatars de mes copines coquettes !! Mais j’ai eu toutes les peines du monde pour dissuader Nounouille de ramener un taureau en guise de souvenir ! Tu as le même à la maison, lui ai-je rappelé… Cette petite escapade lui a donné de drôles d’idées : elle veut qu’on monte un numéro d’acrobatie !! Holà ho ! Pour détourner son attention de ce projet complètement saugrenu et totalement inenvisageable, je lui ai promis de transformer l’un de mes champs de maïs en labyrinthe. Ainsi, toutes ses copines de VL et leurs progénitures pourront s’en donner à cœur joie !!
A bientôt pour une prochaine aventure.
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