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Le 05/03/2010 à 10:00:24Il était une fois @ par redac |
Labour, foire et fumier |
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Après les félicitations et les embrassades traditionnelles, le cortège prit joyeusement le chemin qui menait vers la grande ferme Gédublé. Chacun s’entassa dans les grandes charrettes à banc pour suivre celle des jeunes mariés qui ouvraient la route. Ils étaient encore tous les quatre éblouis par la cérémonie qui les avaient unis pour la vie. De partout, fusaient des rires et des plaisanteries mais eux ne les entendaient guère. Après toutes les épreuves endurées, ils avaient encore un peu de mal à croire en leur bonheur et ne se quittaient pas des yeux, de peur de voir leur bel amour s’envoler… Ce n’est qu’en arrivant dans la cour de la ferme qu’ils prirent conscience de la réalité. Le cortège fut accueilli par des musiciens. Phoebus et Jean furent les premiers à sauter de la charrette pour aider leurs épouses à descendre. C’est alors qu’un violoneux déclara : Brindille et Jean Permonlatin ! Gwendoline et Phoebus Pochetrouhais ! Et un vielleux entama un air joyeux en chantant « vive les mariés !! » Puis dans un brouhaha désordonné, toute la noce rentra se mettre au chaud dans la grange et prit place autour des grandes tables. Les agapes allaient enfin pouvoir commencer. Les gosiers étaient secs et les estomacs criaient famine. Aussitôt, les pichets de vin rouge, rosé et blanc circulèrent de verre en verre. Chacun levait son verre en l’honneur des deux couples. Les grands plateaux garnis de tranches de terrine, de jambon, de rillettes et autres salaisons furent accueillis par des cris de satisfaction et de gourmandise. Les corbeilles pleines de larges tranches odorantes de pain de campagne frais et croustillant à souhait furent prises d’assaut. Suivirent ensuite les ragoûts de légumes, les gratins, les rôtis, les volailles farcies aux champignons, les civets de lièvre et de sanglier. Chacun s’interpellait, riait de bon cœur et trinquait allègrement. Ils avaient tous oublié le froid de l’hiver et leur besogne si dure. Aujourd’hui était jour de fête et ils comptaient bien en profiter au maximum et engranger des souvenirs pour en reparler lors des veillées. Le milieu du repas fut ponctué par quelques bonnes bouteilles de vieille gniole. Puis on servit les fromages : comté, beaufort, camemberts et bleus tous aussi délicieux les uns que les autres… On complimenta Gontran Gédublé pour leur qualité. L’image fugace de Gertrude et son fils passa devant ses yeux mais il la chassa, refusant de ternir cette belle journée par des mauvaises pensées. Enfin, ce fut la ronde des desserts : crèmes au caramel, œufs à la neige, gâteaux moelleux, quatre-quarts, tartes aux pommes, aux poires. Ces gourmandises furent accompagnées de cidre bien frais et bien pétillant. Toutes les cuisinières qui avaient aidé Pétunia pour ce banquet furent grandement remerciées et applaudies. Alors que certains commençaient à somnoler sur l’épaule de leur voisin ou voisine, les premiers accords des violons se firent entendre. Et ce fut sous une salve d’applaudissements que les jeunes mariés ouvrirent la danse. Quels beaux couples ! Philibert et Pétunia se levèrent à leur tour donnant ainsi le signal aux convives.
Les valses, les gigues, les farandoles s’enchaînaient à une allure folle. Les hommes tombaient leurs vestes et retroussaient leurs manches de chemise. Les belles coiffures patiemment élaborées des femmes se défaisaient pour laisser place à des mèches folles. Les enfants, ivres de liberté, faisaient les quatre cents coups autour des tables et des danseurs. Praline, un brin nostalgique, les observait en souriant et en se remémorant ses propres bêtises et celles de ses chers frères. Elle les enviait un peu mais sa jolie tenue ne lui permettait pas de se joindre à leurs acrobaties ! Pour autant, elle n’avait non plus envie de danser… Elle se sentait tiraillée par des sentiments confus : son enfance, encore si proche, mais qu’elle savait finie et l’âge adulte qui avançait inéluctablement mais lui faisait un peu peur. Elle s’interrogeait sur son avenir… Avait-elle vraiment envie de rester à la ferme toute sa vie ? Bien sûr, tous ceux qu’elle aimait y vivaient mais en y repensant, elle avait adoré épier et suivre Gédéon. Elle aimait l’aventure et même ses dangers…
Dans le prochain épisode : l’invité surprise…
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Le 19/02/2010 à 08:42:54Il était une fois @ par redac |
Labour, foire et fumier |
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Praline Pochetrouhais avançait lentement. Elle était ravissante ! Elle portait un corsage noir et une longue jupe rouge qui rappelait la couleur feu de ses cheveux. Ceux-ci avaient eu le temps de repousser un peu et elle les avait noués avec un beau ruban de velours noir. Les gens chuchotaient sur son passage :
- « La petite sauvageonne est devenue un sacré beau brin de fille ! La Pitchoune va faire tourner des têtes aujourd’hui… »
Praline affichait un sourire radieux. Ses deux meilleures amies se mariaient avec ses deux frères. Elle n’aurait pu espérer mieux…
Derrière elle, suivaient Monsieur Tournesol et sa fille Brindille. Jean, les yeux braqués sur sa fiancée, était émerveillé par cette apparition de dentelles blanches et froufroutantes. Quand le père de la jeune fille plaça la main de cette dernière dans celle de son promis, celui-ci eut l’impression de tenir une petite colombe douce et chaude et crut que son cœur allait s’arrêter ! Brindille lui adressa un adorable sourire mutin dont elle avait le secret et qui le faisait fondre à chaque fois.
Enfin, le moment tant attendu, car inimaginable il y a encore six mois, arriva. Gontran Gédublé, vêtu d’une chemise blanche, d’un gilet noir à boutons dorés avec une petite poche d’où pendait la chaîne d’or de sa montre à gousset et d’un costume noir, tenait à son bras la belle et merveilleuse Gwendoline. Dieu qu’il était fier ! Fier et heureux de cet instant qu’il n’aurait jamais cru possible. Au plus profond de son cœur, il eût une pensée émue pour Marlène, son bel amour de jeunesse qu’il n’avait pu épouser…
Il n’avait pas lésiné sur la qualité du tissu de la robe de sa fille. Qu’importait le prix ? Il avait enfin l’occasion de la gâter et de lui montrer son affection. Il avait tellement perdu de temps en acceptant le chantage de Gertrude. Désormais, il traiterait sa fille comme une reine ! Et tous les commentaires qu’il entendait sur leur passage le comblaient d’aise :
« Ohhh ! On dirait une princesse. Moi je la trouve jolie comme un cœur…. »
Sa robe était de satin blanc. Le haut très cintré était fermé par des petits boutons de nacre. Sa taille si fine était mise en valeur par une ceinture d’étoffe moirée. Le bas de sa robe s’étalait derrière en une longue traîne. Des petites barrettes en nacre décoraient sa chevelure noire et bouclée qui tombait en cascade. Elle portait au cou le magnifique collier de perles que lui avait offert son père le matin même. Sa démarche légère donnait une impression de grâce infinie. Cependant, elle ne voyait rien. Non, rien d’autre que les yeux de braise que son amour braquait sur elle… Elle avait envie de courir jusqu’à lui pour se jeter dans ses bras. De son côté, Phoebus vivait un moment magique. Cette silhouette féerique qui venait vers lui le bouleversait jusqu’au plus profond de son être. Quand, enfin, il sentit sa petite main se glisser dans la sienne, il eut toutes les peines du monde à maîtriser ses tremblements.
La cérémonie se déroula comme dans un rêve éveillé. Les deux garçons prononcèrent un « oui » d’une voix grave et assurée. Les jeunes filles, très émues, murmurèrent ce « oui » d’un souffle léger. Puis il y eut l’échange des alliances et enfin le moment tant attendu du solennel « Je vous déclare mari et femme ! Vous pouvez embrasser la mariée…»
Les deux jeunes couples s’embrassèrent tendrement sous les regards attendris de l’assistance. Pétunia pleurait sur l’épaule de Philibert qui n’en menait pas plus large qu’elle ! Gontran, dans son cœur, s’adressa à Marlène « Regarde mon amour, notre fille est heureuse… »
Quand les nouveaux mariés sortirent de l’église, ils furent accueillis par un tonnerre d’applaudissements. Les enfants leur jetaient des grains de blé pour leur apporter prospérité et bonheur.
Dans le prochain épisode : une journée de réjouissances…
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Le 22/01/2010 à 09:01:42Il était une fois @ par redac |
Labour, foire et fumier |
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Chapitre 6 : un hiver éblouissant
Ils avaient tous passé un fabuleux réveillon de Noël. Après la messe de minuit, ils étaient rentrés à la ferme pour partager un repas succulent et passer une veillée à se raconter des histoires drôles, des contes d’autrefois et des légendes mystérieuses comme celle de la source aux fées. Quand ce lieu empreint de mystère fut évoqué, Gwendoline et Phoebus échangèrent un long regard de connivence et la lueur des bougies fit briller encore un peu plus leurs yeux émerveillés. Oui, sans l’avoir voulu, ils avaient bu l’eau de cette source au même moment… C’était leur tendre secret.
Dans la fièvre des derniers préparatifs, la semaine passa comme un éclair. Enfin le 1er janvier fut là ! Les cloches du village retentissaient dans toute la campagne. Les fermes se vidaient de leurs occupants. Tous se retrouvaient sur les chemins menant au village. Chacun avait revêtu ses plus beaux atours afin de faire honneur aux jeunes mariés et leurs familles. L’église était donc pleine à craquer quand le cortège nuptial fit son entrée triomphale.
Radieuse, Pétunia avançait dans l’allée. Elle était encadrée à droite par son fils chéri Phoebus et à gauche par son très cher neveu Jean. Comme elle les aimait ses garçons ! Chaque instant passé à les voir grandir avait été un bonheur et maintenant ils étaient devenus des hommes… Cette vague de nostalgie faillit la submerger mais non, l’heure n’était pas aux larmes ! Elle déposa un tendre baiser sur leurs joues, les laissa dans le chœur et alla s’asseoir au premier rang. Elle ne se lassait pas de les admirer. Ils avaient fière allure dans leur beau costume de velours côtelé. Jean était en noir et ses yeux verts n’en ressortaient que davantage. Phoebus, lui était vêtu d’un bleu nuit qui flattait à merveille son abondante chevelure blonde comme les épis. Pétunia eut une pensée reconnaissante envers Gontran qui avait acheté les plus belles étoffes au marchand ambulant venu d’une ville lointaine.
Puis ce fut le tour de Philibert qui donnait le bras à Mme Tournesol, la maman de Brindille. Il rejoignit son épouse et ne pût s’empêcher de lui chuchoter à l’oreille :
- « La place est libre, belle dame ? Tu es magnifique dans cette robe en soie et cette couleur lilas te fait ressembler à un bouquet de fleurs ma Pétunia d’amour. Si nous n’étions pas déjà mariés, je crois bien que je te ferai ma demande à l’instant !! »
Pétunia s’apprêtait à le réprimander gentiment quand les grandes orgues retentirent. Toute l’assemblée se retourna vers l’entrée.
Dans le prochain épisode : l’apothéose !!
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Le 08/01/2010 à 09:33:46Il était une fois @ par redac |
Labour, foire et fumier |
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De mémoire de paysan, on n’avait jamais célébré deux mariages le même jour au sein d'une même famille ! L’évènement était donc de taille et tout le monde voulait y participer d’une façon ou d’une autre en apportant son expérience et son talent. En moins d’une semaine, la grange de la ferme Pochetrouhais fut reconstruite. Tous les hommes du village vinrent donner un coup de main. Le père Gédublé fournit la paille et la nourriture nécessaire à Marguerite (pour payer ma pension dit-il…) Pendant ce temps, les femmes se réunissaient tous les après-midi et se répartissaient les tâches. Un groupe partait à la ferme Gédublé pour soigner le troupeau et veiller au bon déroulement de la maturation des fromages que Gertrude avait fabriqués avant sa disparition. Toutes ces belles meules seraient mises en réserve pour les noces ! D’autres s’activaient pour préparer des terrines, des confits, des sucreries pour le grand banquet. Et enfin, un troisième groupe se consacrait à la couture. En premier lieu, il fallait habiller les deux mariées, Gwendoline et Brindille. Pas question qu’elles portent la même robe ! Toutes rivalisaient d’imagination ! Puis ce fut le tour de la tenue de la demoiselle d’honneur dont le rôle était naturellement attribué à Praline, et celles des Parents… Pétunia affichait un sourire radieux et se disait que peu de femmes avaient la chance de conduire à l’autel leurs deux garçons le même jour ! Et quels garçons en plus ! Beaux, athlétiques, gentils, tendres et…. La liste était trop longue ! La ferme Pochetrouhais bourdonnait donc comme une ruche depuis qu’elle s’était transformée en atelier de couture. Les hommes le savaient et évitaient soigneusement de traîner dans les parages sous peine de scène mémorable ! Et puis leur tour viendrait bien assez tôt quand il leur faudrait se prêter aux essayages de leurs costumes… Ils imaginaient déjà ces pénibles instants : «Lave-toi les mains avant ! Tiens-toi droit ! Arrête de bouger ! Rentre ton ventre ! Tourne-toi, non de l’autre côté !»
Toutes ces activités intenses et joyeuses firent que personne ne vit s’écouler l’automne. L’hiver arriva avec ses premiers flocons de neige. La jambe de Gontran s’était parfaitement ressoudée et il était prêt à regagner sa ferme. Pourtant, aucun membre de la famille Pochetrouhais n’eut le cœur de le laisser repartir vers un logis vide et triste. Pétunia prit les devants :
- « L’être humain n’est pas fait pour vivre seul ! Et puisque bientôt, nous allons tous faire partie de la même famille, restez donc cet hiver avec nous. Au printemps, vous pourrez aller retaper votre vieille bergerie et y passer les beaux jours puisque cela vous tient à cœur.»
Gontran, une fois de plus, fut très touché par tant de gentillesse et ne se fit guère prier pour accepter cette généreuse proposition. Quittant sa réserve habituelle, il embrassa Pétunia sur les deux joues. Philibert lui asséna une grande claque dans le dos en criant au scandale :
- « Oh la fripouille, tu n’envisages tout de même pas de me voler ma belle ? Et toi, bien sûr, tu te laisses faire sans protester ? » marmonna-t-il à son épouse.
Gontran réagit aussitôt :
- « Fripouille toi-même ! Et Pétunia est assez grande pour décider qui peut l’embrasser ou non ! »
Cette dernière, levant les yeux au ciel, leur distribua à chacun un grand panier en leur suggérant d’aller chercher du bois pour la cheminée et le fourneau.
- «L’air frais vous fera le plus grand bien ! Ah ben oui, l’hiver ne va pas être triste avec deux zigotos de votre espèce… Sainte Patience, aidez-moi ! »
Elle les poussa dehors et claqua la porte vigoureusement. A travers les carreaux, elle observa les deux hommes qui se filaient des bourrades amicales en riant très fort. Alors, son visage s’éclaira d’un grand sourire et elle murmura pour elle-même :
- « Qui aurait cru l’an dernier que ces deux là deviendraient complices à ce point ! On dirait deux gosses fiers de leurs bêtises… Tiens je vais leur préparer une belle tarte aux pommes caramélisées. »
Dans le prochain épisode : le grand jour est arrivé !!
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