Philibert partit rejoindre son fils et l’aida à couper du bois. Ils travaillèrent d’abord en silence puis n’y tenant plus, le père se lança :
- « Fiston, je ne suis pas né de la dernière pluie. Je sais ce qu’il se passe entre Dolly et toi. Je n’irai pas par quatre chemins : je ne suis pas vraiment heureux de cette situation et j’ose espérer qu’il ne s’agit que d’un feu de paille. Vous n’êtes pas faits pour vivre ensemble. »
- « Pa je ne nierai pas ! En effet, nous sommes amoureux. De mon côté, ça fait très longtemps, je crois même depuis le premier jour de notre rencontre. J’ai lutté longtemps contre mes sentiments, Pa, tu peux me croire. J’ai tout fait pour l’éviter et l’oublier, mais c’est impossible ! Je l’aime si fort, elle est si douce, si belle, si… »
- « Stop !! On ne va pas y passer la nuit ! J’ai compris : tu es bel et bien entiché de cette fille. Ta mère a réussi à me convaincre de ne pas la mettre à la porte. J’ai cependant des conditions à émettre et elles ne sont pas négociables. »
- « Oh Pa, tout ce que tu voudras ! Merci de la garder chez nous. »
- « Mouais, ton enthousiasme va être un peu refroidi, mon gars. Primo : je vous accorde une heure et pas une minute de plus pour vous voir le soir après le repas dans la grange. Secondo : pas question de lui manquer de respect ! Il ne sera pas dit qu’une fille a été déshonorée sous mon toit ! Voilà, au moindre écart de conduite, je lui fais plier bagages ! Mon fils, la balle est dans ton camp… »
- « Pfiou, tu es dur Pa ! Seulement une heure ! Mais c’est d’accord, je suivrai tes règles. Et pour ce qui est du respect, je ne suis pas un trousseur de jupons comme Gédéon, moi ! »
- « Je sais mais je préfère que les choses soient claires. La passion nous fait faire parfois des folies… et encore plus à ton âge ! »
Pendant ce temps, Pétunia était retournée à la maison. Elle s’approcha de Dolly et lui tendit sa chaîne en lui parlant doucement :
- « Tiens, je crois que cela t’appartient ? Phil l’a trouvé entre deux bottes de paille…Tu n’as rien à me dire Dolly ? »
La jeune fille cacha son visage derrière ses mains et confuse, balbutia :
- « Oh, ce n’est pas ce que vous croyez ! Nous n’avons rien fait de mal, je vous le promets. »
- « Tatata ! J’ai été jeune avant toi et si Phoebus est comme son père, il doit s’y entendre pour faire tourner la tête aux filles ! Mon mari voulait t’expulser mais je l’ai calmé. Il te faudra donc avoir une conduite exemplaire. »
- « Vous devez me détester maintenant, n’est-ce pas ? » demanda timidement Dolly.
- « Te détester parce que mon fils t’aime ? J’ai confiance en lui. Il n’aurait jamais choisi une pimbêche. Et toi, l’aimes-tu ? »
- « Oh oui, de tout mon cœur ! » avoua Dolly.
Cette spontanéité attendrit Pétunia et elle ajouta :
- « Alors, j’espère vraiment que rien, ni personne ne viendra se mettre en travers de votre bonheur… mais j’ai quand même des inquiétudes concernant ta famille, tu sais. »
- « Oh je sais bien qu’ils ne seront pas aussi tolérants que vous ! Votre famille est si gentille et j’éprouve beaucoup d’affection envers vous tous. Encore merci pour tout. »
Et elle embrassa gentiment Pétunia sur la joue. Celle-ci, plus émue qu’elle ne l’aurait voulu, se reprit et dit :
- Bon, aux fourneaux maintenant ! Parce que chez moi le dicton « vivre d’amour et d’eau fraîche » n’est pas de mise ! »
Dans le prochain épisode : le danger rôde…
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