Phoebus, Jean et Praline regardaient cette scène avec attendrissement. Qu’il était bon de voir leurs parents réunis et toujours aussi amoureux. Puis le côté pratique de Jean refit surface et il déclara :
- « Bon, ben moi, tous ces exercices nocturnes et ces frayeurs m’ont largement ouvert l’appétit. Je ne me sens pas capable d’attendre le lever du jour !! »
Pétunia, désormais entièrement rassurée sur le sort des siens, retrouva toute son énergie et lança à la cantonade :
- « Merci à vous tous pour votre aide si précieuse ! Vous n’allez pas rentrer chez vous avant d’avoir avalé un petit morceau. »
« Les « petits morceaux » de Pétunia étaient célèbres et tous salivaient à l’avance. Elle partit en direction de sa cuisine, suivie de Praline, Brindille et d’autres femmes. Déjà, elle établissait son menu :
- « Bon, j’ai plusieurs miches de pain, des terrines de lièvre, de faisan. Je peux faire une omelette aux fines herbes. Il me reste encore du fromage fait avec le lait de ma gentille Marguerite. Pour le dessert, nous aurons des pommes, des poires et du raisin. Et bien sûr, le cidre dont parlait Phil…plus une bonne bouteille d’eau-de-vie. »
Philibert se leva enfin, aspira goulûment une bouffée d’air frais, étira tous ses muscles endoloris et se dirigea vers la famille Gédublé séparée en deux groupes. Il se planta d’abord devant Gédéon et sans ménagement lui fila un coup de pied dans les côtes, tout en lui expliquant son geste :
- « Ce coup de pied n’est ni pour ma grange détruite, ni pour le fait que je suis passé à deux doigts de la mort. Non, ce coup de pied, espèce de chien galeux , est en paiement des cheveux massacrés de ma fille chérie et aussi pour les larmes versées par ma chère femme. Je préfère être sans le sou mais fier de mes enfants qui sont tous honnêtes et droits. Toi, tu n’es rien, tu ne vaux rien. Même mon fumier a plus de valeur que toi ! Et toi, la Gertrude, tu n’es qu’une pauvre folle. Tu peux fabriquer tous les fromages de la terre si ça te chante mais tu n’arriveras jamais à obtenir la richesse de cœur de ma merveilleuse Pétunia. »
Se sentant beaucoup mieux après cette longue tirade, Phil s’approcha de Gontran toujours veillé par Gwendoline.
- « Alors ma vieille fripouille, comment va ta jambe ? »
Gédublé ouvrit un œil et grommela :
- « Bof pas terrible ! Finalement tu es plus costaud que moi Monsieur le Comique. »
Puis Gontran tendit sa main à Phil en lui déclarant d’un ton solennel :
- « Tu m’as sauvé la vie au péril de la tienne. Merci, je ne l’oublierai pas. »
- « Taratata ! Et toi, tu as protégé ma fille au moment de l’explosion. Nous sommes quittes. »
Et devant les voisins ébahis, se déroula une scène inimaginable : les ennemis jurés se serraient la main avec beaucoup d’émotion et de gratitude.
- « Bon » déclara Philibert, « maintenant tous au casse-croûte car nous l’avons bien mérité ! Deux hommes costauds pour transporter Gontran jusque chez moi »
- « Non, pas tout de suite » l’interrompit le père Gédublé. « Je dois d’abord régler quelques problèmes familiaux… »
Dans le prochain épisode : on lève le voile sur de lourds secrets…
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