Praline, folle de joie, tapa dans ses mains et s’exclama :
- « Je le savais, je l’avais toujours dit moi que ça finirait par un mariage ! Bon alors, quelle date choisissez-vous ? Finalement, Mr Gédublé, je veux bien une jolie robe maintenant. »
Phoebus prit la parole, tout en passant un bras sur les épaules de Jean :
- « Je serais très heureux de partager ce jour de bonheur avec toi, mon frère, et ta mignonne Brindille. On pourrait envisager la fin de l’année. A cette période, nous avons plus de temps pour nous »
Jean, dont les yeux verts rayonnaient de joie, prit son frère dans ses bras et lui dit que c’était une très bonne idée de célébrer leurs deux mariages le même jour. Pétunia, cependant, fit remarquer que le froid allait poser un problème pour l‘organisation. Pas question de dresser la table du banquet dans la cour et la maison était bien trop petite pour accueillir tous les invités et ils seraient nombreux !!
Gontran Gédublé se racla la gorge pour attirer l’attention et déclara :
- « Ma chère Pétunia, ma ferme vous est grande ouverte. Vous aurez à votre disposition ma grande cuisine qui n’a pratiquement jamais servi. Connaissant votre réputation de cordon-bleu, je sais que vous en ferez un très bon usage… Et ma grange est suffisamment vaste pour recevoir tout le village !!! Je veux une noce extraordinaire pour ma chère fille, une noce dont on se souviendra longtemps dans le pays ! »
- « Alors c’est d’accord !! » intervint Phil. « Nous marierons nos petits le 1er janvier. Rien de tel qu’une belle noce pour bien commencer l’année. Ma Pétunia, prépare-toi à danser toute la nuit avec ton beau mari… »
- « Taratata ! Je vais avoir un travail monstre ce jour-là et je serai certainement bien fatiguée. Et puis, il y a sûrement d’autres cavaliers qui voudront inviter la mère des mariés !! »
Phil se rembrunit, ce qui fit rire toute l’assemblée. Il avait beau jouer les fiers à bras, sa femme avait toujours le dernier mot. N’ayant jamais connu le bonheur conjugal, Gontran savourait cette scène avec plaisir. Qu’il faisait bon vivre chez ces gens simples et joviaux ! Ses années de solitude et de rancœur lui semblaient loin à présent et le sourire radieux qu’affichait sa fille était pour lui le plus beau des cadeaux. Il réfléchit rapidement et réclama le silence pour annoncer sa décision :
- « Mes amis, chers enfants, qui dit mariage, dit cadeau. Voici ma proposition : à partir de ce soir, je n’ai plus de fils, ni de femme. Gwendoline est la seule famille qui me reste. Je n’ai plus envie de m’échiner sur mes terres. Donc, je mets toute mon exploitation dans la corbeille de la mariée. Le travail ne manque pas et je pense même que nos deux jeunes couples pourraient s’associer afin d’unir leurs forces. Je sais que ces deux jeunes hommes sont vaillants et je leur confie mon domaine sans l’ombre d’un doute. Moi, je pourrai enfin me promener à cheval comme je l’ai toujours souhaité. J’irai m’installer dans la petite bergerie qui a abrité mes amours avec la mère de Gwendoline. Et quand vous nous ferez de beaux petits, je serai volontiers un grand-papa gâteau… »
- « Rectification : NOUS serons des grands-papas gâteaux !! » rajouta Phil.
Pétunia tapa dans ses mains pour les interrompre : « Dites messieurs les futurs grands-papas gâteux, désolée de vous ramener ainsi à la dure réalité, mais beaucoup de travail nous attend avant de pouvoir faire la fête ».
Phil regarda sa femme d’un air pensif et interrogea son nouvel ami : « T’aurais pas une petite place pour moi dans ta bergerie ? Je sens qu’ici, je vais être harcelé encore plus que d’habitude ! » Le claquement sec d’un coup de torchon le fit sursauter et l’air offusqué qu’il prit en se frottant le fessier que sa femme avait pris pour cible déclencha à nouveau toute une cascade de rires. Puis il redevint sérieux et se tourna vers Gontran : « Dis mon vieux, tu vas pas rester tout seul dans ta ferme avec ta patte cassée ! On va t’héberger pendant ta convalescence. Je n’accepte aucun refus ! » Le père Gédublé accepta cette offre généreuse avec grand plaisir… Ca lui donnerait l’occasion de vivre auprès de sa fille et de combler le fossé qui les avait séparés si longtemps.
Dans le prochain épisode : les préparatifs de mariage…
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