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Le 17/07/2009 à 08:41:24
Il était une fois @ par redac
Labour, foire et fumier

Phoebus ramassa son père et Jean s’occupa de Gédublé. Quand ils voulurent sortir, ils s’aperçurent qu’ils ne pouvaient plus sortir par la grande porte. La voie était barrée par un enchevêtrement de poutres incandescentes. Jean indiqua le chemin par lequel il était entré et ressorti auparavant avec Mortimer de la Hautecolline. Au bord de l’asphyxie et les poumons en feu, ils réussirent à se frayer un chemin et se retrouvèrent enfin à l’air libre. Ils firent encore quelques pas et se laissèrent tomber dans l’herbe qui leur parût délicieusement fraîche. Déjà, les villageois venaient les aider à se mettre à l’abri et à transporter les deux éleveurs toujours inanimés. C’est alors que, dans un fracas assourdissant et des craquements terribles, tous purent assister à l’effondrement total de la grange. Il s’en était fallu de peu !

Pendant que les femmes s’occupaient des blessés, les hommes continuaient à arroser sans relâche le brasier car le vent pouvait très bien propager l’incendie aux autres bâtiments.

Remplie d’appréhension, Pétunia se jeta sur son époux. Elle craignait le pire…

- « Phil mon Amour, ouvre les yeux, je t’en supplie. C’est moi ta Pétunia. Oh je donnerai n’importe quoi pour que tu te réveilles. »

De grosses larmes inondaient ses joues rebondies. Ses mains fébriles parcouraient le corps inerte à la recherche d’une blessure ou d’une trace de sang. Elle caressait ses cheveux roussis par le feu tout en fredonnant l’air de valse préféré de son Phil. Son désespoir faisait mal à voir. Praline sanglotait dans les bras de Brindille. Phoebus et Jean, noirs comme des charbonniers, avaient la mâchoire crispée, le regard fixe et brillant de larmes. Voir Philibert Pochetrouhais, cette force de la nature, allongé sans bouger ni parler était tout simplement inconcevable…et insupportable.

De son côté, Gwendoline veillait son père. Une villageoise experte lui avait posé une attelle provisoire sur sa jambe cassée. La douleur le fit gémir et ouvrir les yeux. Le doux visage de sa fille penché sur lui le combla de joie et il réussit péniblement à articuler  ces quelques mots :

- « Tout le monde est sain et sauf ? »

La jeune fille allait lui répondre quand elle se fit brutalement bousculer par Gertrude. La bouche tordue par un rictus hideux, elle secoua son époux en l’injuriant :

- « Assassin ! Tu as laissé mourir mon petit. Tu as préféré sauver la sorcière rousse. Où est mon Gédéon ? Réponds assassin ! »

Gontran, sous l’effet de la douleur provoquée par les coups de sa femme, s’évanouit à nouveau. Des hommes à la poigne solide arrachèrent Gertrude et tentèrent de la calmer. Mais elle n’écoutait plus personne. Ils ne reconnaissaient plus la fermière hautaine et revêche dans cette femme échevelée, hagarde et aux yeux fous. Elle se mit à tous les invectiver et les traiter également d’assassins. C’est alors que deux agriculteurs, venus à travers champs pour aider leur copain Phil, firent leur entrée dans la cour de la ferme. Ils encadraient Gédéon et le tenaient fermement. Ils lui avaient lié les mains dans le dos. Ils le menèrent devant Phoebus et Jean en déclarant :

- « On a croisé ce nuisible qui avait l’air d’avoir le diable aux trousses. Il braillait qu’il n’avait rien fait mais il sentait tellement la fumée qu’on a trouvé ça louche et on a pensé qu’il serait bon de le ramener ici… »

- « Merci les gars ! » répondit Phoebus.

Puis il regarda froidement Gédéon, d’un regard plus coupant que la glace. Il abattit sa grande main sur la nuque du fils Gédublé et le força à s’agenouiller. De son index, il lui montra ses parents. Puis d’une voix métallique, il lui parla :

- « Regarde : je vois pleurer ma Mère pour la première fois et ces larmes coulent par ta faute. Je ne te pardonnerai jamais cela. Mon Père est toujours inconscient. Il est dans cet état pour avoir voulu sauver ton père. Si mon Père meurt, je te tue. Tu m’entends Gédéon ? Ce n’est pas une menace, c’est une promesse. »

- « Et moi » dit Jean « je l’aiderai à tenir sa promesse… »

 

Dans le prochain épisode : la tension est palpable…

 



Le 03/07/2009 à 08:50:22
Il était une fois @ par redac
Labour, foire et fumier

Alors Phil souleva Gontran en prenant soin de ne pas bouger sa jambe et Praline put se dégager. Avec ses cheveux hirsutes, elle ressemblait à un petit diablotin sorti de sa boîte. Ne reconnaissant plus sa fille, son père ouvrit la bouche de stupéfaction. Mais le temps pressait. Il fallait fuir cet enfer. Il ordonna à sa fille de sortir puis il se pencha sur Gontran et fit quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginer pouvoir faire. Il s’adressa à son vieux rival et lui dit :

- « Serre les dents, vieux grigou et accroche-toi bien ! »

Sur ces mots, il chargea le blessé sur son dos de la même façon qu’un sac de blé. Les flammes léchaient maintenant ses sabots et la chaleur était insoutenable. L’air était irrespirable. Ses vêtements trempés étaient secs depuis un bon moment et il sentait sa peau craqueler sous l’effet de la température extrême. Déjà, les planches du toit s’effondraient de partout. Le père Gédublé était inconscient et Phil titubait, désorienté, ne trouvant plus la sortie.

- « C’est fini pour nous deux » comprit Phil et il pensa très fort à sa chère Pétunia et la revit dans sa robe de mariée. « Désolé, ma toute Belle, nous ne danserons plus ensemble… » Puis, il s’écroula…

Entre temps, grâce à l’air frais, à l’eau qui coulait doucement sur son visage et aux tendres soins que lui prodiguaient sa mère et Dolly, Phoebus revient à lui. L’énorme bosse qu’il avait sur le front le fit grimacer de douleur et il regarda ses deux infirmières sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Elles l’aidèrent à s’asseoir. Il rassemblait ses idées quand il vit jaillir sa petite sœur. Elle hoquetait, de grosses larmes coulaient et traçaient un sillon sur sa jolie frimousse noircie par la fumée.

- « Vite !!! Papa ne ressort pas de la grange et tout s’écroule sur lui ! »

En un clin d’œil, Phoebus se remémora la scène. Il avait repris ses esprits et il partit vers la grange avant que les femmes ne puissent l’arrêter.

Pétunia était folle de douleur. Non pas son Phil ! Sans lui, elle n’aurait plus jamais envie de continuer cette vie. Phil était son mari, son ami, son amour, le rocher inébranlable auquel elle pouvait s’accrocher sans crainte. Elle était prête à se jeter dans le brasier pour aller le chercher. Elle hurla :

- « Phil, tu m’avais promis que tu reviendrais ! Tu n’as pas le droit de me laisser. Tu n’as qu’une parole ! Phil mon Amour, reviens, s’il te plaît, reviens ! »

Praline et Gwendoline ne furent pas trop de deux pour la stopper dans son élan et la ramener en arrière. Elles eurent l’agréable surprise de voir arriver Brindille et un grand nombre de villageois. Tous avaient pu voir la lueur de l’incendie dans la nuit et, suivant leur instinct de solidarité, s’étaient précipités sur les lieux. Aussitôt les hommes prirent le relais pour jeter les seaux d’eau sur les flammes. Les femmes, elles, entouraient Pétunia en essayant de la réconforter.

Phoebus était en train de se couvrir avec une couverture quand il vit surgir de la gauche Jean qui portait Mortimer sur une épaule comme un vulgaire saucisson. Il l’avertit :

- « Le Père est coincé là-dedans ! »

Jean se débarrassa sans ménagement de sa charge et, en compagnie de son cousin, s’engouffra dans la grange. Il fut le premier à repérer les deux corps inanimés. Il hurla :

- « Par ici ! Ils sont là ! »

 

Dans le prochain épisode : Le pire est arrivé…

 

 



Le 19/06/2009 à 09:10:16
Il était une fois @ par redac
Labour, foire et fumier

Gwendoline revint avec du café tout chaud et servit une bonne tasse à Pétunia et Philibert. Ceux-ci burent en silence. Gertrude Gédublé arriva à ce moment-là. Bien qu’essoufflée, elle fonça sur les Pochetrouhais et glapit d’une voie aigue :

- « Où est mon fils et comment va-t-il ? »

Gwendoline, choquée par ce manque de tact et de courtoisie, intervint :

- « Mère, vous n’êtes pas la seule rongée par l’inquiétude !! Et Gédéon s’est mis tout seul dans ces sales draps ! »

Gertrude lui répondit d’une voix haineuse :

- « Que m’importent les autres ! Et toi sale gamine, bien sûr, tu les défends. Rien d’étonnant après tout ! Je n’aurai pas dû m’attendre à autre chose de la part d’une bâtarde !! »

Gwendoline fit un pas en arrière devant cette insulte peu ordinaire. Elle ne comprenait rien aux paroles de sa mère. Elle allait lui demander des explications quand une violente détonation se fit entendre. Ciel, le pire venait d’arriver ! Le souffle de l’explosion avait partiellement détruit la grange et la porte avait été arrachée de ses gonds. Déjà, les flammes de l’incendie projetaient leur lueur sinistre dans la nuit. Le vent, tout heureux de cette aubaine, attisait l’incendie.

Philibert hurla :

- « Vite ! Tous  aux seaux d’eau ! »

Puis il s’en versa un entièrement sur le corps et partit en courant vers la grange. Pétunia comprit ce qu’il allait faire et le supplia :

- « Oh mon Phil, sois prudent, je t’en prie… »

Il se retourna vers sa femme et lui dit tendrement :

- « Je vais chercher nos petits, mon Amour. Continue de mouiller la paille avec les seaux d’eau. Je reviendrai, je te le promets. Toi et moi, nous irons encore danser ! »

Puis il s’engouffra dans la grange d’où s’échappait la fumée. Des brindilles de paille enflammées montaient au ciel en voltigeant. L’heure n’était plus aux discours ni aux disputes. Dehors, les trois femmes se relayaient sans cesse pour arroser la grange.

La première personne que vit Philibert en entrant fut son fils inanimé face contre terre et coincé sous la poutre qui avait servi à bloquer la porte. Habitué à porter souvent de lourdes charges, le père parvint sans trop de peine à soulever la poutre. Puis il retourna doucement son fils et en le prenant sous les aisselles le tira hors de la fournaise. Aussitôt, sa femme accourut et l’aida à porter Phoebus à l’abri du danger. Il se versa à nouveau un seau sur la tête et retourna dans le bâtiment en flammes. La fumée faillit le faire suffoquer et la chaleur était intense. Il hurla :

- « Praline où es-tu ? Pitchoune, ma Pitchoune, réponds-moi ! »

Ce fut la voix de Gontran qui lui répondit :

- « Par ici, Philibert, nous sommes ici. Vite les flammes nous encerclent…»

Phil s’avança à l’aveuglette, guidée par la voix du père Gédublé. Il découvrit celui-ci allongé par terre, sa jambe faisant un angle bizarre. Peu enclin  à la pitié, Phil l’apostropha :

- « Alors, où est ma fille ? »

- « Ici Père », répondit la jeune fille d’une voix étouffée. «Je suis allongée sous Mr Gédublé. Tu sais, quand tout a explosé, il a bondi sur moi et m’a plaquée au sol en faisant bouclier avec son corps »

Trop étonné pour faire un commentaire, Phil, inquiet, lui demanda :

- « Tu es blessée Pitchoune ? »

- « Non Papa, je vais bien mais je commence à manquer d’air ! »

 

Dans le prochain épisode : une angoisse insupportable…

 

 



Le 05/06/2009 à 08:50:20
Il était une fois @ par redac
Labour, foire et fumier

Pendant ces échanges houleux, Jean à l’extérieur n’avait pas perdu son temps. Fou d’inquiétude pour Phoebus et sa chère Pitchoune, il s’était tout d’abord senti impuissant. Mais son sens pratique avait vite repris le dessus. Puisqu’il y avait des bombes, le risque d’explosion existait et la grange était remplie de paille et de foin. La moindre étincelle pouvait provoquer un incendie dévastateur. Il fallait de l’eau en grande quantité. Le puits était trop éloigné de la grange. Il entreprit donc de remplir à ras bord des tonneaux. Il pompait l’eau comme un forcené, mettant tous ses muscles en action. Puis il disposa ces tonneaux tout autour de la grange. Il sortit Marguerite de son étable proche de la grange pour la mettre le plus loin possible à l’abri. Au passage, il emmena également le cheval de Gontran. La détresse de Pétunia blottie contre Philibert lui faisait très mal. Dolly, elle, les bras croisés sur sa poitrine, semblait changée en statue de sel. Il s’approcha d’elle et lui dit :

- « La nuit va être longue. Va préparer du café pour nous tous. Les parents ont besoin de nous. Et puis, tu verras, ça fait du bien de s’activer et de se sentir utile. Le temps paraît moins long ainsi… »

Jean, ne pouvant supporter d’attendre sans rien faire décida de faire le tour de la grange. Il connaissait bien le bâtiment, une aire de jeu fabuleuse pendant son enfance devenue à ce jour un lieu de travail. Il pouvait la décrire les yeux fermés et soudain, il se rappela qu’il avait noté pendant l’été qu’il lui faudrait remplacer quelques planches branlantes avant les grosses intempéries de l’automne. Mais il y avait toujours plus urgent à faire et surtout, il passait le peu de son temps libre auprès de sa chère Brindille. Ce souvenir lui réchauffa le cœur et lui donna un nouvel élan de courage. D’un pas souple et silencieux, il se dirigea vers ces fameuses planches et, en retenant son souffle, les examina avec soin du bout des doigts. Le bois était vraiment très vermoulu et s’effritait au seul contact de ses doigts. Patiemment, et en s’interrompant souvent pour écouter, il finit par dégager un espace assez grand pour s’y faufiler. Il rampa le plus discrètement possible à l’intérieur de la grange. Il allait se relever quand, le brouillard dissipé par un vent soudain et violent permit à la lune de briller à nouveau. Encore à plat ventre, Jean se retrouva nez à nez avec la face blafarde de Mortimer qui écarquillait les yeux d’effroi. Un rayon de lune venu se refléter dans les yeux verts de Jean lui donnait un aspect très étrange et quasiment surnaturel. C’est pourquoi, Mortimer, très superstitieux de nature, était persuadé que le grand serpent aux yeux d’émeraude qui hantait la campagne environnante depuis des siècles venait le chercher. La peur le tétanisait et il fixait bouche bée le monstre qui s’approchait encore un peu plus près de lui et se dressait prêt à l’attaque. Jean venait en effet de se relever et put sans aucun effort l’assommer et le bâillonner avec sa cravate. « Pauvre idiot » pensa-t-il « je t’avais bien dit de ne plus te mettre sur mon chemin ». Pour plus de sûreté, il lui ligota les mains et les pieds avec une corde qu’il avait pris soin d’apporter. Ce premier obstacle facilement éliminé l’encouragea à continuer son opération sauvetage. Se faufilant derrière les bottes de paille, il aperçut Phoebus et lui fit signe aussitôt de se taire. A ce moment-là, Gédéon, piqué au vif par la provocation de son père, rejeta violemment Praline sur le sol, prêt à en découdre avec le vieux Gontran. Il tenait toujours son couteau à la main et faisait de grands moulinets sous le nez de son père en persiflant :

- « Tu deviens trop bavard avec l’âge, le vieux ! »

Mais Gontran venait d’apercevoir la haute silhouette de Jean. Son regard étonné intrigua Gédéon qui se retourna. Il hurla comme un possédé :

- « Non, vous ne m’aurez pas ! Puisque c’est comme ça, vous l’aurez voulu ! »

Ses yeux étaient injectés de sang et sa bouche dessinait un rictus horrible. Il sortit de sa poche une petite bouteille d’alcool, la renversa sur la paille, craqua une allumette. La botte bien sèche s’enflamma aussitôt. Gédéon la souleva et la projeta sur les bombes. Puis il éclata d’un rire démentiel et lança aux autres occupants de la grange :

- « Bon voyage en enfer !! »

 

Dans le prochain épisode : une nuit dramatique…